dimanche

54. LE PROFESSEUR BULLE

 

 

  

Le professeur  Bulle s’il avait encore toute sa tête aurait affirmé avec une craie et un tableau vert, qu’un verre rempli d’eau a une surface théoriquement lisse, plate ou horizontale que l’on tient pour normale.

Il aurait alors fait un dessin.
Un observateur attentif aura remarqué que l’on peut remplir ce verre encore plus et dépasser, presque illogiquement, le bord de ce verre et de sa surface sans que l’eau ne déborde et s'écoule en dehors de celui-ci.

Ce qui permet à certain buveur d’exulter tout en faisant des expériences de physique théorique simple.

On observera qu’on peut le remplir encore et encore jusqu’à un certain point d’équilibre.

On verra que la surface se courbe pour maintenir son état sous une forme convexe. Lentille, ménisque ou dôme. Sur une certaine épaisseur.

Il est, bien sûr, impossible d’ajouter un nombre illimité de gouttes supplémentaires.

Il arrivera inévitablement la goutte de trop. À partir de cette goutte de trop, la tension superficielle sera rompue et l’eau débordera.

Tout ceci conforme à la thermodynamique et l’entropie et est parfaitement satisfaisant.
Cette courbe s’explique par le fait que la forme correspondant à la plus petite surface possible contenant un volume, que ce soit d’air et d’eau, est une sphère. Les gouttes d'eau ont donc une forme allongée tant qu’elles sont rattachées au robinet qui fuit mais elles deviennent aussitôt sphériques dans l’air pour changer de forme à nouveau une fois posée sur une surface. La nouvelle forme sera un dôme flexible qui peut conserver sa forme et s’étaler un peu sans se briser.
Les atomes formant le liquide ont une force d’attraction équivalente avec tous les autres atomes de leur milieu, ce qui fait que le liquide conserve cet état. Tandis que les atomes de la surface du liquide n’ont plus d’atomes similaires au-dessus d’eux, (air au lieu de liquide) ce qui a pour résultat qu’ils augmentent leur force d’attraction entre eux. D’où la formation d’une sorte de peau flexible.
On parlera donc de tension de surface, de tension interfaciale ou tension superficielle à la surface d'un liquide. Ou dans le cas des mutants : semi-liquide.

Dans ce dôme ou cette peau, la matière n'est pas dans le même état qu’à l’intérieur du liquide (sous la surface). Et cette surface est aussi différente du milieu ambiant – supposons: l'air.

Ou, ici, la Chambre des Communes où l’air confiné et vicié provoque des effets intellectuellement et moralement néfastes sur les politiciens.
Il y a même 2 surfaces : l’une en contact avec l’air et l’autre, interne, en contact avec le milieu liquide. Et ces surfaces résistent aux forces de ces milieux. Internes et externes.
Il s’agit d’un nouvel état de la matière.

Pour maintenir cet état, il faut une force assurant la cohésion de la matière locale formée de molécules identiques. Sur et sous la surface. Ce que l’on a appelé une sorte de peau invisible. Ou de Saran Wrap.
Près de la surface ou à l’interface du milieu ambiant et du liquide, se produit une contrainte en tension nécessitant une certaine quantité d’énergie pour se maintenir. Tout changement à cette énergie modifie l’état de cette matière.
Mais tant que cet état se maintient, ce qui indique que l’énergie produisant et maintenant ce phénomène est suffisante, la surface de cette peau invisible permet aux insectes appelés patineuses de marcher sur l’eau. Ou à une goutte de pluie ou de rosée de ne pas s'étaler sur les feuilles ou les pétales de fleurs. Ou la formation des bulles de savon dans l’air ou de bulles d’air dans l’eau produite par le déplacement du liquide et la respiration d'un plongeur ou certaines araignées qui en font leur maison. Ou un membre du crime organisé à qui on a mis les pieds dans une bac rempli de béton liquide en attendant qu'il fige - et qu'on aura jeté à l'eau. Il produira des bulles pendant un certain temps.
Tant que cet état se maintient et que l’énergie produisant et maintenant ce phénomène est suffisante, la surface de cette peau invisible permet le maintien de la cohésion corporelle d’un assistant.
Si 2 gouttes se rencontrent, elles vont fusionner et ainsi former une seule goutte afin de minimiser l'énergie totale utilisée. Et la goutte résultante aura une surface moindre que les 2 gouttes initiales. Ou les 4. Car il arrive souvent aux assistants de fusionner sans qu’on en comprenne le but ou le sens ou que cette attitude ait quelque chose de sexuel. Du moins, c’est l’impression qu’en tirera un observateur sans idées préconçues. Mais cette impression sera différente pour un militant de droite rigoriste. Ou un rabbin.

Et le professeur Bulle qui a découvert ce phénomène imprévu s’en fout.
Et maintenant de petits calculs amusants car toutes ces forces ont été exprimées en chiffres et fractions par des chercheurs ayant beaucoup de temps libres.




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